Rassemblement Broussard: les belles valeurs de l’aviation.
Voici le plan initial au soir du jeudi 5 septembre 2024,
Le vendredi 6 au matin , « Echo Novembre » le Broussard de Georges, basé à Merville dans un vieil hangar de la luftwaffe, est supposé faire route au sud dès potron minet afin de déjeuner à Couhé-Vérac point de départ de la vadrouille.
Il s’agit en effet pour « Echo Novembre » et l’ensemble du dispositif de rallier Pouilly en Auxois Samedi matin où se tient le rassemblement de Broussard et le meeting aérien associé tout le week-end.
« Echo Novembre » doit se joindre aux moyens techniques, à savoir un Van chargé des produits de la boutique de l’Asab, « Alpha Charlie » le Broussard des deux Alain et « Romeo Papa » le DR400 Chevalier de l’aéroclub.
L’idée pour les 3 avions et le camion est d’effectuer le Couhé- Pouilly en faisant escale à Chateauneuf sur Cher pour le casse croûte du midi, intervertir conducteurs pilotes et passagers. Passer le week-end à Pouilly puis repartir dimanche en fin d’après midi vers les points de départs respectifs. Couhé et Lille!
Vendredi Matin Lille, 7h00 locales.
La météo est particulière et peu commune.
Elle le sera pour tout le week-end.
Deux fronts occlus arrosent respectivement la région Bordelaise et Lilloise.
Temps gris plafond bas. Nous affinons la préparation. Il fera beau vers le sud après Abbeville et nous pourrons décoller de Merville vers midi. Vol sans encombre avec surveillance des Monts de l’Artois encore accrochés de quelques stratus déchirés, notre seul obstacle naturel sur cette route que nous franchissons en intercouche avec une belle réserve d’altitude.
Le vol de 3h00 s’achève par un passage basse altitude sur le terrain de Couhé. salués par la BGTA présente sur l'aérodrome.
Notre fidèle « Alpha Charlie » a ensuite rejoint le Broussard à robe grise sur le parking de Couhé ce fût l’heure de remplir les réservoirs pour l’expédition du lendemain.
Nuit calme comme la tisane, à la suite d’un excellent repas au restaurant les Drôles de Blanzay et un passage digestif au Prieuré.
Jour J.
Henry et Magali sont déjà sur la route avec le Van boutique en direction de Châteauneuf sur Cher.
Au Prieuré, nous décidons de faire une analyse météo fine car c’est assez moche. Un front froid droit « comme un i »orienté Nord Sud avance comme un escargot vers l’est, il nous barre la route. Il remonte à 30kts vers le nord mais s’étend depuis les Pyrénées.
Départ reporté.
A 10h45 locales l’armada Aérienne commence à décoller de Couhé sous un ciel ensoleillé pour faire route vers le Berry, Châteauneuf se situant au véritable centre géographique de la France.
Le rôle de l’ouvreur est confié à « Romeo Papa ». A bord du Robin blanc et bleu métal, Papa, Jean et Danielle décollent 5 grosses minutes avant tout le monde.
Il est convenu que les avions communiqueront entre eux sur la fréquence de Couhé pour le trajet.
Dans « Alpha Charlie » on trouve votre narrateur, Gaelle, Nils et Mathis.
« Echo Novembre » emboite le pas avec Georges et Yves.
Cap à l’Est!
Les conditions sont idéales pour le départ nous volons à 2000ft en ciel clair et ensoleillé mais à mi chemin il va falloir trouver une voie pour passer ce front nuageux que l’on distingue déjà bien sur l’horizon. Le vol doit durer 1h00.
Juste après le front c’est Châteauneuf, notre escale repas. Pour la deuxième étape vers Pouilly, c’est CAVOK sur Dijon, on l’a vu sur le radar et sur les cartes météo.
« Romeo Papa » cherche l’ouverture à travers le front. Il annonce descendre et obliquer un peu plus vers le nord.
Les échanges entre avions et les communications avec le contrôle aérien nous font comprendre que c’est bien bouché. Je n’ai pas envie que les deux broussards moins bien équipés se retrouvent en basse altitude nous sommes moins maneuvrants et à deux sans se voir, je prend la météo d’Avord, tout proche de Chàteauneuf.
Few 600 ft c’est rien , BKN 6800 ft c’est haut, et plus loin il fait beau. Nous avons plein de carburant au pire on ira plus loin, on monte!
Georges emboite le pas sur une route parallèle plus haut nord, gaz ouverts à 105Pz hélice à 2000tr la lente escalade commence et nous amène à 5000 pieds bien au soleil au dessus d’une mer immaculée de nuages stratiformes. Un énorme cumulonimbus noircit tout le sud de notre route.
Pour « Roméo Papa » c’est moins fun. Il doit éviter une zone interdite dans la poisse et le contrôle aérien n’est pas très coopératif. Je sens que le père galère a tenter de rejoindre Chateauneuf. Ça ne passe pas. Il arrête les frais en faisant escale à Châteauroux sous la flotte.
Pour les Broussard, La chance nous sourit
, 10 minutes avant l’arrivée, l’aspect des nuages change. On arrive en limite de front. Des petites têtes cumuliformes pointent de la couche lisse. Bientôt des petits trous nous permettent de voir le sol nous restons à 5000ft au cas où, et ça nous permet de voir loin.
Arrivé pile à la verticale de la piste de Châteauneuf sur Cher, les stratus se déchirent on voit distinctement la piste. Je plonge pour une reconnaissance basse altitude du terrain à 150 kts.
Intégration rapide, atterrissage. Georges me suit à 5 minutes.
Il n’y a personne à part le camion d’Henri, bien arrivé après 3h de route en compagnie de Magalie. Chateauneuf sur Cher c’est une piste en herbe un petit hangar et un club house, mais à peine posés une dame et un barbu arrivent vers nous. Vous avez eu un problème? on a vu un Broussard sur la tranche? Et juste avant il ne faisait pas beau!
Non tout va bien on aimerai juste faire escale pour déjeuner.
Le Barbu c’est Olivier, discret et humble comme on aime. C’est le Président du club. Un ancien de l’armée de l’air, instructeur et pilote à Moulins dans une entreprise qui fait de l’imagerie aérienne. Nathalie c’est sa compagne elle est responsable du secteur développement durable/Biodiversité à La FFA.
Des gens adorables qui nous ouvrent les bras.
On mange tous au club partageant nos denrées.
Pour « Roméo Papa » la loi de l’emmerdement maximum continue. A peine posés, la BGTA entoure l’avion et fait un contrôle des plus poussés, papiers avion, licences pilote, test d’alcoolémie,et stupéfiants
Bienvenue à Châteauroux.
Nous correspondons en direct via un groupe Whatsapp. Les photos d’eux trois en gilet jaune entrain de manger leur sandwich dans le terminal tranchent avec l’ambiance dans le club.
La météo se dégrade et la remontée du front froid est plus importante que prévu. La route ne sera dégagée que vers 18h00 jusqu’à Pouilly. Il tombe des cordes en continu tout l’après midi décidément puis l’éclaircie arrive enfin.
« Romeo Papa » nous demande une image radar il va tenter de rejoindre Pouilly. Visiblement en remontant vers le Nord il y aurait un passage vers Cosne-sur-Loire pour redescendre vers Pouilly ensuite.
Henri et Nils reprennent la route pour Pouilly, ne sachant pas qu’ils seront finalement seuls jusqu’a dimanche midi.
Magali sera passagère sur « Alpha Charlie »
Le ciel bleu arrive enfin sur Châteauneuf, la marge sud du front continue sa remontée vers le nord. On va y aller!
La mise en route du Broussard Alpha Charlie est un peu difficile mais le neuf cylindres en étoile finit par ronronner. Soudainement la tuyauterie de frein cède au niveau du maître cylindre dans le cockpit et m’asperge le pantalon de liquide hydraulique.
Plus de freins sur la roue gauche, nous sommes refaits.
Alain notre mécano intergalactique a la solution. Il arrivera demain matin a l’aube avec le Cessna, Cyril, la caisse à clou, des pièces, et un groupe de parc au cas où.
Décision est prise de rester tous les 6 ensemble à Châteauneuf.
Il va falloir trouver un hôtel pour la nuit, un endroit pour manger, et pouvoir se faire véhiculer au sein de cette campagne la moins peuplée de France.
Olivier et Nathalie sont aux petits soins.
Trois chambres sont disponibles dans l’hôtel des tilleuls à 15 km. Et nous mangerons ensemble dans la crèperie d’un village tenue par un membre du club, 15km plus loin également.
Pas le choix, il faut embarquer à 7 dans le pick-up d’Olivier, rires et chevauchement des postérieurs pour les 5 larons assis derrière.
Après avoir récupèré nos clés de chambre toujours à 7 dans l’auto, nous rejoignons Nathalie au domicile conjugal. L’équipe se scinde dans les deux véhicules et nous voici partis diner en respect cette fois avec les règles de la sécurité routière et du code des assurances.
Nathalie m’annonce qu’elle me laissera sa clio pour faire la navette demain matin depuis l’hotel vers le club.
Nous ne nous connaissons que depuis quelques heures! Gentillesse et bonté de ces deux là!
Nous dinons sous des Halles qui pourraient ressembler à celles de Couhé, Les crêpes sont excellentes et l’apéritif local cidre-calva dont j’ai perdu le nom fait l’unanimité.
Mais Quid de « Romeo Papa »?
A la suite de notre panne de freins nous avons contactés l’équipage du Robin pour faire part de notre décision de rester dormir sur Châteauneuf et attendre l’intervention de la maintenance d’urgence au matin.
Nous pensions que Romeo Papa et ses passagers étaient bien arrivés sur Pouilly.
Négatif!
Le Robin a retenté de passer par nord en contournant le front par son extrémité mais ce dernier s’était étendu plus loin que prévu sur plus de 100km infranchissables. Ce n’est qu’au sud de la région parisienne, sur le terrain de vol à voile de Buno Bonnevaux que l’équipage a pris la décision finale de se poser et d’arrêter les frais.
Le choix de Buno étant à proximité de Moret, des mauvaises langues côté Broussards auraient prétendu qu’il s’agissait d’un coup monté pour être hébergé chez le fils cadet. Manipulation ou pas, l’équipage à passé la nuit chez l’artiste.
C’est avec le vaillant petit piper de 1942 que Le père a été déposé le dimanche matin à Buno pour ensuite ramener le Robin à Moret , faire les pleins et embarquer les passagers pour Pouilly.
Dimanche matin, 8h30 pétantes, le Cessna se pose à Chateauneuf et l’opération de maintenance sur « Alpha Charlie » débute immédiatement dans la bonne humeur. A cet instant tout le monde pense qu’il s’agit du maître cylindre. Il est remplacé mais la fuite persiste.
Il s’agit en fait d’une coupe sous une bague de la tuyauterie. Impossible à traîter sur place. Pas question de poursuivre plus loin jusqu’à Pouilly.
Après une réparation de fortune digne des meilleurs épisodes de Mac Gyver, le Broussard vert kaki rentrera à Couhé directement accompagné du Cessna.
« Echo Novembre » quand à lui poursuivra sa route avec son équipage Lillois vers Pouilly.
Il sera rejoint à quelques minutes d’intervalle par Roméo Papa.
Il est autour de midi lorsqu’a finalement lieu la jonction avec le camion et le stand de l’association. Après seulement 4h00 sur place pour les équipages des avions, c’est l’heure de rentrer!
Le Robin et le Van prennent la direction de Couhé.
Le Broussard de Georges, remonte rapidement sur Lille avec un beau 40 kts de vent arrière. Et un lot de pièces récupèré à Pouilly. Finalement, la seule récompense de la capricieuse dame météo de ce week-end.
Week-end enrichissant à tous points de vue ou finalement l’objectif final ne s’est avèré qu’accessoire en comparaison de la richesse des rencontres et la belle cohésion des protagonistes.
L’humain a prévalu, c’est ainsi la beauté et la profondeur de l’aviation.
Sébastien Hugault